mercredi 20 novembre 2013

la force de l’habitude

la force de l’habitude - problématique

par Daniele - terminal L

La force de l’habitude
L’habitude est une acquisition par réitération. Elle se forme à travers le temps, par la répétition d’actions identiques ou semblables, qui peuvent devenir un comportement de l’individu. Dire que l’habitude possède une force c’est dire (en accord avec le sens que ce terme a en sciences physiques) qu’elle est un moteur de la volonté, un vecteur qui nous met en mouvement et qui nous pousse à agir. Le sujet demande donc en quoi l’habitude pourrait augmenter notre pouvoir sur le réel, à la manière d’un jalon qui permettrait de s’orienter et d’augmenter notre emprise sur le monde. Pour Aristote, l’exercice contribue à forger le caractère ; ainsi, pour être moralement juste, il faut s’entrainer à l’être. Le caractère est le résultat d’un travail semblable à celui d’un sportif. L’acquisition de bonnes habitudes nous prémunit donc de la relâche et de l’acrasie (la faiblesse de volonté). Elle nous est aussi utile dans la vie quotidienne. Pour Maine de Biran, l’habitude a deux types d’ effets sur nos faculté ; elle attenue d’une part l’intensité des phénomènes passifs (la douleur) et d’autre part elle exalte les phénomènes actifs (les gestes ou le raisonnement logique). En ce qui concerne ces derniers, elle rend plus rapide et plus facile leur mise en œuvre. Par le processus de mémorisation qu’elle implique, l’habitude est aussi une astuce qui nous permet de surmonter aisément certaines situations qui peuvent nous apparaitre difficiles au début (un jongleur qui mémorise un tour compliqué ou un élève qui doit faire face à des problèmes en mathématique).
Mais ne risque-t-on pas de tomber dans l’indifférence, dans une routine ? L’habitude tue la sensibilité et automatise nos gestes. Elles peut aussi dégénérer en vice. Le vice est un penchant mauvais, qui par la pratique répétée s’est constitué en habitude. Le tabagisme et l’alcoolisme sont des formes d’assujettissement de la volonté qui rendent l’individu esclave de certaines substances. Les habitudes vicieuses qui affectent le corps sont l’antithèse de la liberté car il est très difficile de leur échapper une fois acquises. Ceci est aussi valable en ce qui concerne le domaine intellectuel. Le plus dangereux dans le phénomène de l’habitude, c’est qu’il risque d’échapper au contrôle de la conscience en se constituant comme une seconde nature. La pensée automatique est la marque du conformisme qui anesthésie la réflexion. Penser mécaniquement c’est penser de façon encadrée, en restant dans les rails construits par la répétition. L’habitude peut être à l’origine d’un véritable oubli des soucis du réel : elle englobe touts les aspects de la vie et rend intellectuellement paresseux les individus. Il est facile de faire abstraction du monde en s’en remettant à la réitération irréfléchie, d’éviter la réflexion qui demande une analyse au cas par cas.
Nous avons envisagé l’habitude dans son aspect de simplification du réel . Elle permet de nous faire vivre mieux car elle automatise nos gestes mais elle risque aussi de nous paralyser et de nous entrainer dans une routine. En tout cas, c’est en elle que le passé se conserve : les gestes effectués par habitude sont des copies de gestes mémorisés.
L’habitude n’est pas pour autant ennemie du progrès : ce n’est qu’en conservant le passé que nous pouvons le dépasser. Intérioriser le passé c’est l’acquérir : en agissant selon des habitudes, nous donnons pour acquis certains mécanismes, sans avoir besoin de revenir sans cesse en arrière. Et peut-être qu’il est impossible de vivre toujours de façon nouvelle, en improvisant notre comportement, sans références. L’habitude structure le sujet, assure la cohésion de l’individu autour d’actions-repères ou de pensées-repères. Nous avons besoin d’elle pour exister comme individualité face au monde, mais nous devons toujours nous soucier de ne pas nous laisser aller à une vie d’automate.