mercredi 20 novembre 2013

Peut-on faire le bonheur des autres malgré eux ?


Quelques lectures pour problématiser le sujet.
Bibliographie :
Platon :
  • Le Gorgias 456b Sur la rhétorique comme aide à la science qui permet de convaincre et de persuader
  • Le Politique : légitimité d’un gouvernement idéal qui, au nom de la compétence, pourrait se passer du consentement des gouvernés, comme un médecin peut forcer un patient ou un capitaine se passer de l’avis de ceux qu’il transporte.
Descartes :
  • Lettre à Elisabeth - 4 août 1645 - Sur les deux sens du terme bonheur, l’heur qui dépend de l’extérieur et le contentement de soi ou bonheur intérieur.
Kant - Théorie et Pratique - 2ième partie sur le paternalisme qui prétend assurer aux hommes le bonheur en leur enlevant leur liberté.
Kant - Qu’est-ce que les Lumières ? - Début du texte sur les mineurs et les tuteurs et la critique du despotisme qui sous le prétexte de bienveillance enlève aux hommes la liberté.
Stuat Mill - De la liberté - L’Etat ne peut user de contrainte pour assurer le bonheur du citoyen. Un homme ne peut être contraint d’agir sous le prétexte que ce serait meilleur pour lui ( ce qui n’exclut pas de la part de l’Etat remontrance et persuasion). On ne peut se servir de la contrainte que lorsque la conduite de l’un peut nuire à un autre. " sur lui-même, sur son corps et son esprit l’individu est souverain"
Autres sujets sur le bonheur :
  • Peut-on être heureux sans être libre ?
  • Le bonheur est-il le bien suprême ?
  • Est-ce la raison qui conduit au bonheur ?
  • Est-ce un devoir d’être heureux ?
  • La recherche du bonheur est-elle une illusion ?

Simone Veil au Palais Farnèse

Simone Veil au Palais Farnèse le 10 octobre par Camilla S. élève de T.ES

Une déportée, une femme mais surtout : une européenne.
Le 10 octobre les TES et les TL traversent les portes du salon d’Hercule du Palais Farnèse, pour rencontrer une grande dame : Simone Veil.
De nombreux intervenants M. Enrico Ferri, M.Attilio Mastino, M.Pacifici et M. Morace prennent la parole pour rendre hommage à Simone Veil, chacun met l’accent sur l’importance, le dévouement et le travail de Mme Veil, en insistant surtout sur son passé de déportée.
Quand Simone Veil commence à parler on comprend tout de suite qu’elle apporte avec elle l’Histoire.
Elle parle un peu de son nouveau livre : « Une vie », évoque son enfance et surtout le personnage plus important de sa vie : sa mère. Simone Veil dit « ma mère était tout, elle était mon modèle, la personne plus importante de ma vie ».
Elle ne parle pas beaucoup de la déportation de sa famille en camp d’extermination, elle en parle à voix basse, elle n’en parle pas les larmes aux yeux, elle garde les yeux fixés sur son public. C’est ce qui suit qui l’intéresse, son combat pour les femmes et leurs droits – comme le droit à l’avortement - et l’Europe.
Les femmes car encore aujourd’hui et même en France, les possibilités offertes à une femme sont moindres que celles d’un homme.
L’Europe car Simone Veil dit que pour des générations comme la sienne qui ont connu et souffert la guerre, l’Europe apparaissait comme la seule chance pour réconcilier la France et l’Allemagne et garantir durablement la paix. Elle parle de l’Europe comme de son enfant. Elle nous fait comprendre que nous devons préserver la paix en étant plus solidaire.
Puis arrivent les questions, qui tournent toutes autour de l’Europe. Simone Veil répond, elle parle des difficultés de l’Europe, du traité de Lisbonne et dans ce cadre elle attaque la position de l’Irlande qui a tellement bénéficié de l’Europe qu’on aurait pu espérer de sa part plus de solidarité. Ensuite se lève Emmanuel M., le seul élève de terminale courageux, qui pose une question sur la possibilité d’une Europe fédéraliste, possibilité que Mme Veil écarte car cela serait trop difficile vu le nombre et la différence de pays qui sont présents au sein de l’Europe. Cette possibilité envisagée par le passé, est selon elle, aujourd’hui dépassée.
Mme Veil termine en disant que la chose dont elle est la plus fière est ce qu’elle a fait pour la reconnaissance des femmes même si notre société ne donne pas encore à celles-ci la place qu’elles méritent.

Suis-je maître de mes jugements ?

Suis-je maître de mes jugements ?

conseils bibliographiques

Suis-je maître de mes jugements ?
Conseils bibliographiques :
Descartes : sur la nature du jugement
- Principes de la philosophie I, art. 34 à 37
- Méditations Métaphysiques, extrait de la méditation 3 sur la différence entre idée et jugement
- Première méditation pour le doute
- Discours de la méthode : Ière partie début sur le " bon sens" ; 2ième partie début sur les causes de l’erreur et premier précepte dit règle d’évidence.
- Kant : Qu’est-ce que les Lumières début sur l’état de tutelle.
- Alain, définition du préjugé dans Les arts et les Dieux, définition
- Sur le déterminisme, voir Bourdieu la notion d’habitus
- Epictete, Le Manuel le début sur ce qui nous appartient et ce qui nous est étranger.
- Hannah Arendt, Les considérations morales, le jugement comme la plus politique des facultés.

Qu’est-ce qu’une révolution?

Qu’est-ce qu’une révolution par L., terminale L

Qu’est ce qu’une révolution ?
Le terme de révolution vient du latin "revolvere" qui exprime l’idée du retour sur soi, d’une réitération, sens en contradiction avec l’usage actuel du terme mais qui éclaire les significations multiples et le caractère problématique du terme révolution. En effet, on peut comprendre la révolution au sens premier comme un mouvement en courbe complet, retour d’un astre à son point d’orbite ou encore la rotation complète d’un corps autour de son axe. On parle en effet de révolution de la terre et cette signification rend bien l’idée de retour et de répétition que véhicule ce terme, se réfèrant d’abord à ce qui est cyclique, on parle en effet de révolution cardiaque lorsque s’accomplit un cycle cardiaque. Le sens du terme glisse ici, une révolution désigne "l’écoulement d’une période de temps", l’achèvement d’un cycle, son accomplissement. Alors la ré-volution prend la nuance d’une ré-action, d’une rupture, et non plus seulement d’une ré-itération. C’est dans ce glissement de sens que germe la problématique, puisque si l’on s’en tient au premier sens fidèle à l’étymologie latine, la révolution n’est que répétition, il n’y a pas de rupture entre les cycles, qui ne font que se succéder, pas de place pour l’action de l’homme, pas de liberté, la révolution en termes de changement et renouveau semble une illusion. Cependant, si l’on suit le glissement du sens, on laisse entre le cycle accompli, le passé, et le cycle futur, l’espace non seulement pour une réaction mais aussi pour une action, l’espace à la liberté humaine qui insère du nouveau, projette, et ainsi, crée le futur et prend part à la formation du cycle suivant... la révolution alors est rupture, intervention enthousiaste de l’homme dans l’histoire qui se déploie dans différents domaines. C’est pourquoi on parle de révolution en politique, en science, de révolution en art ou de révolution intérieure.
Une révolution se distingue d’une révolte et d’une rébellion qui ne sont que ses formes initiales et n’a en commun avec elles que son caractère d’abord ré-actif. En effet, la rébellion est soulèvement, insurrection, mutinerie qui devient révolte quand elle s’intensifie, s’accompagne de violence, la révolte étant une action collective d’un groupe qui refuse l’autorité politique existante, l’ordre établi et donc une forme de désobéissance, d’insoumission, indignation, contraire de la résignation. Or on verra que la révolution ne se limite pas à cela, elle est aussi action et non seulement réaction, aussi évolution et non seulement révolution. Elle n’est donc pas réductible à la révolte celle qui fait dire à Camus que "la révolte métaphysique est le mouvement par lequel un homme se dresse contre sa condition". Il ne faut pas confondre non plus révolution et réforme car celle-ci lente peut être entreprise sans révolution. La réforme n’est pas rupture mais maturation.
La révolution peut être un changement brusque de l’ordre social, politique et moral, un renversement ou bouleversement qui clot un cycle et en ouvre un nouveau. Telle est son ampleur, bien supérieure à celle d’une révolte en ce qu’elle aspire à une transformation complète. Ce bouleversement caractérise la révolution industrielle, révolution de la technique et du travail qui va modifier profondément la société, avant elle la révolution néolithique qui voit l’invention de l’agriculture et enfin la révolution scientifique. En effet, la révolution copernicienne de la connaissance donne naissance à la science moderne, entreprise au XVI siècle par Galilée elle permet de voir la différence entre la science des anciens contemplative, finaliste, substantialiste et qualitative et la science moderne qui est quantitative, construite et donc non ontologique. La révolution copernicienne est un changement radical de point de vue qui clot véritablement toute un période et un rapport au monde et à la connaissance : au lieu de soumettre la raison au réel, on soumet, depuis la révolution galiléenne, le réel à la raison.
D’autre part, une révolution peut être l’ensemble des changements qui ont lieu quand un groupe en insurrection prend le pouvoir, changements politiques, économiques et sociaux. On parle par exemple de révolution bourgeoise, prolétarienne, socialiste et c’est encore le cas de la révolution française ou des révolutions islamiques.
La question est d’étudier la révolution en soi, le sujet ne nous interroge pas sur ce qui fait que les hommes font des révolutions, sur le pourquoi, mais sur la révolution en elle même, sur ses caractéristiques et sa valeur. Il ne s’agit pas seulement de réfléchir à la révolution mais de comprendre ce que comporte penser la révolution, quels en sont les enjeux par rapport à la place de l’homme dans l’Histoire.
Penser la révolution comme une répétition, comme une succession de cycles en restant fidèle à l’étymologie latine, équivaut à nier la place de l’homme dans l’histoire, qui avance "naturellement" d’elle même et c’est cela qui porte à affirmer que ce ne sont pas les hommes qui entreprennent une révolution mais que c’est elle qui emploie les hommes. En ce sens, concevoir la révolution au sens fréquent du terme comme un changement ou bouleversement est illusoire, en ce qu’il n’existe pas réellement d’autre révolution que la continue répétition de l’histoire. En effet, la révolution ainsi pensée est une illusion, selon Marx quand les rapports de production empêchent à un moment donné les forces de production de se développer, l’effet se retourne contre sa cause, cela se répercute sur la superstructure et la conscience vient s’opposer à la vie matérielle, elle réclame un bouleversement social, une révolution quand le problème est déjà résolu dans la vie matérielle. Encore, même quand les hommes semblent transformer le monde et créer quelque chose de tout à fait nouveau, les hommes ne font que s’approprier des mythologies passées. C’est ce qu’explique Marx, dans les époques révolutionnaires les noms, les devises, les costumes du passés sont repris, comme "la révolution de 1789 se drapa dans le costumes de la République romaine".
Cependant, si l’on pense la révolution comme réaction et même comme action, alors elle acquiert d’emblée une valeur différente. En effet, dire que la révolution est une réaction c’est laisser une place à l’homme dans l’histoire, bien qu’il ne fasse que ré-agir après coup, se rebeller, refuser, réclamer un changement. C’est en pensant la révolution comme action qu’on admet une rupture, que la conception de l’Histoire et de l’homme change puisque du refus du vieux et du passé on crée du nouveau et du futur.
Entendre la révolution dans le sens le plus fréquent et actuel du terme, c’est affirmer la liberté des hommes qui peuvent par leur volonté s’unir et changer le cours des choses, intervenir dans l’Histoire. C’est affirmer que les hommes font l’Histoire librement, leur projection dans le futur et leur souci d’universalité se révèle dans le capacité à faire une révolution, qui est la ratio cognoscendi de la liberté. Penser la révolution en tant que changement revient donc à penser que l’homme est capable de produire du nouveau. Or, comme l’explique Hannah Arendt, l’essence de l’homme est dans sa faculté d’action en ce qu’agir c’est commencer du nouveau. N’est ce pas la véritable liberté que de pouvoir créer du nouveau ? Penser la révolution c’est donc penser la liberté d’autant plus que l’action libre qu’est la révolution est une liberté mondaine qui se réalise avec l’altérité, qui n’est pas a-cosmique.
Toutefois, la révolution est-elle toujours souhaitable et révélatrice de la liberté ? La révolution culturelle est dans la Chine de Mao un mouvement politique qui lutte contre les influences du passé dans la vie sociale et qui limite la liberté en entretenant les hommes dans une ignorance qui justement les empêche de prendre conscience de leur situation et de se révolter. Quelle est alors la véritable valeur a accorder à la révolution ? Ne faut-il pas la penser autrement pour qu’elle soit légitime ? Penser la révolution nécessite peut être que l’on pense la crise en ce qu’elle peut en être la réponse. En effet, il se peut que l’Histoire avance par crises et révolutions, que les hommes aussi, connaissent crises et réponses aux crises.
Pour comprendre la révolution il faut alors recourir la métaphore du trésor perdu que propose Hannah Arendt dans la préface de La crise de la culture qui explique que l’histoire des révolutions pourrait être racontée sous la forme d’une parabole comme la légende d’un trésor perdu qui apparaît brusquement et disparaît mystérieusement. Trésor qui peut être "n’a jamais été une réalité mais un mirage", une apparition, puisqu’il n’a pas de nom, tel est "le trésor perdu des révolutions" qui en Amérique avait le nom de "bonheur public" et en France celui de "liberté publique". Trésor perdu et oublié par les mêmes qui l’ont possédé et bien qu’ils n’aient pu leur donner de nom, toute sa valeur, toute la valeur de la révolution, est au delà de la victoire ou de la défaite car "l’action qui a un sens pour les vivants n’a de valeur que pour les morts, d’achèvement que pour les consciences qui en héritent et la questionnent".
Ainsi, ce trésor a une valeur telle qu’en son absence les hommes se trouvent écartelés entre un passé dépassé qui n’éclaire pas le futur et un avenir infigurable. Ils se trouvent donc dans un intervalle, une brèche entre le passé et le futur puisque le trésor a disparu. Sans dénaturer la pensée d’Hannah Arendt nous pouvons réfléchir à la valeur de la révolution qui est enrichissante et fondamentale même s’il elle un mirage puisqu’elle est projet, engagement dans l’action en vue d’un avenir possible.

Que gagne-t on à perdre ses illusions ?

Que gagne-t on à perdre ses illusions ?

Dissertation d’ Angèle C., terminale ES

’’Est illusion le leurre qui persiste même quand on sait que l’objet supposé n’existe pas.’’ Kant dévoile ici la part de simulacre dans l’illusion en la qualifiant de ’’leurre’’. En effet, l’illusion, du latin ’’illudere’’, est une tromperie qui semble se jouer de nos sens, l’illusion sensible, ou de notre esprit, l’illusion intellectuelle. Proche de l’erreur, dans la mesure ou elle fait également intervenir un jugement erroné, elle s’en distingue également par la présence du désir qui la rend rebelle à toute réfutation rationnelle, c’est dans ce sens qu’elle ’’persiste’’. Ainsi la définition de Kant nous montre aussi sa racine indestructible. L’illusion est donc une image subjective de la réalité prise pour la réalité, c’est pour Platon une ’’ignorance redoublée’’, une ignorance qui s’ignore. Dans l’illusion nous serions donc victimes d’une puissance trompeuse qu’il faudrait vaincre. Mais comment alors perdre ses illusions, quelles armes sont en mon pouvoir pour faire face à ce voile qui s’entremet à mon insu entre mon esprit et la réalité ? Si l’illusion est considérée comme devant être dépassée malgré la difficulté que cela représente, quel en est l’intérêt, le gain que l’on peut en retirer ? La perte de nos représentations illusoires est-elle alors la condition de la vérité, de la lucidité, du bonheur, de la liberté ?
Cependant si dans l’illusion, nous sommes victimes, c’est bien souvent d’un piège que nous avons bâti nous mêmes. Pour Descartes, ’’nous conspirons avec nos illusions agréables pour en être plus longtemps abusés.’’. Il y aurait alors un aspect doux et chaleureux dans le monde illusoire qui vient, dans nos représentations, se substituer au réel en le rendant plus humain, moins dur. Faut-il vraiment alors systématiquement arracher toute illusion à l’homme ? A perdre ses illusions, est-on vraiment plus gagnant que perdant ? Est-ce à la portée de l’homme que perdre toutes ses illusions ?
Si d’un coté l’on considère que l’illusion est un mensonge qu’il nous convient de démasquer, et que de l’autre la perte totale d’illusions n’est pas forcément souhaitable, ni réellement possible, quel rapport devons nous entretenir avec ce leurre protecteur ? Comment prendre la mesure de nos illusions dans un souci de lucidité et d’authenticité qui ne soit pas contradictoire avec l’épanouissement de l’homme ?
Si l’illusion est dans un premier temps considérée comme une tromperie dont nous sommes victime car elle nous impose une vision erronée du monde ; il convient de la démasquer pour tendre vers la connaissance et la vérité.
Prenons d’abord les illusions des sens. Ce sont celles qui de la manière la plus évidente nous trompent, car ces illusions sont bien ’’réelles’’ ; elles obéissent à des lois d’organisation du champ perceptif tout aussi régulières que celles qui régissent notre perception dite ’’normale’’. Descartes, dans Les Méditations, montre cependant comment c’est par abus de langage que nous disons que nos sens nous trompent, et distingue l’illusion de l’erreur. L’erreur est un résultat de notre jugement, c’est à dire d’une activité de l’esprit. Or les sens sont passifs, et fournissent des informations qui, en elles-mêmes, ne sont ni vraies ni fausses. Si donc nous nous trompons, c’est que nous conduisons mal notre jugement. Un bâton plongé dans l’eau paraît effectivement brisé, mais si nous jugeons qu’il l’est, nous ne sommes pas victimes d’une illusion, mais responsables de notre erreur. L’illusion peut bien, si nous n’y prenons garde induire en erreur, mais elle n’est pas en elle-même une erreur. Notre raison et notre entendement sont donc des armes contre les illusions, puisque si nous en usons bien, par la même que l’erreur sera dépassée, l’illusion qui en était la source sera démasquée. C’est donc par la connaissances des lois physiques, de la science, que ce premier niveau de la connaissance qu’est la perception peut être expliquée. En effet la science, en cela qu’elle étudie le réel et se propose de l’expliquer, est un moyen de dépasser nos illusions. De plus la science amène à une glus grande connaissance, cette dernière ayant pour but de rendre présent à notre intelligence un objet en essayant d’en posséder la représentation la plus adéquate avec la réalité nous permet aussi de dépasser l’illusion. Le monde auparavant inexplicable devant lequel les hommes comblaient leur ignorance par des explications mythologiques ou bien par la religion qui explique à sa manière la genèse, ce monde devient alors un objet d’étude, un immense chantier à notre portée. Ainsi nous sommes portés dans notre rapport avec le réel vers une maitrise de la nature. C’est l’idée d’avancée technologique et de progrès qui s’oppose ici à la perception spontanée, irréfléchie et illusoire du monde.
Platon dans L’Allégorie de la Caverne montre notre condition première d’hommes plongés dans le monde matériel et visible : nous n’y voyons jamais que des reflets trompeurs, des images d’images du réel, que l’habitude nous fait prendre pour la réalité même. Ce monde là nous rend prisonniers des apparences. Pour Platon, le moyen d’atteindre des vérités supérieures, donc de dépasser nos illusions, est dans l’éducation philosophique. La nature des prisonniers ’’n’est pas éclairée par l’éducation’’, c’est pour cela que, n’ayant vu d’autre monde que celui de leurs représentations, ils croient spontanément avoir affaire au monde réel. Au delà de la caverne, c’est à dire du monde sensible, le monde du changement de la multiplicité et de la diversité, se situe le monde des Idées ou réside un savoir universel, intemporel et véritable. C’est vers ce monde des Idées et de la vérité qu’il faut tendre pour échapper aux illusions de la caverne et avoir une chance au bonheur qui réside dans la connaissance. L’arrachement au sensible et la montée vers l’intelligible constitue la mission de l’éducateur philosophique qui peut passer par la maïeutique ou l’art d’accoucher les idées, qui vise à purger l’âme des simulacres, des préjugés de la doxa, du pseudo-savoir qui empêche l’homme d’être à l’écoute de la vérité. L’éducateur philosophique est dans l’allégorie représenté par celui qui détache le prisonnier et le force à gravir ’’la montée rude et escarpée’’ qui mène au savoir. La maïeutique passe dans un premier temps par la prise de conscience de son ignorance, Socrate affirmait ’’la seul chose que je sache c’est que je ne sais rien.’’. C’est en cela une voie vers la perte d’illusions qui réside dans la prise de conscience d’une absence de conscience antérieure.
Si les illusions sont souvent considérées comme destinées à être dépasser, c’est aussi car elles s’apparentent à la figure du naïf évoquée par exemple par Voltaire dans son conte philosophique Candide. Candide représente la figure du naïf optimiste, de ’’l’imbécile heureux’’, qui vit dans l’illusion que ’’tout est bien dans le meilleur des mondes possibles’’ (Voltaire s’attaque à la théorie de l’optimiste revendiquée par des philosophes tels que Pope et Leibniz). A la suite de nombreuses mésaventures dans le cadre d’un voyage autour du monde, Candide prend conscience de l’ampleur du malheur sur Terre, des injustices, des horreurs : il se désillusionne. Sa vision infantile et naïve des réalités qui sont plus dures que les représentations qu’il s’en était faites (plus douces, agréables, rassurantes) se désagrège peu à peu. A la fin de sa ’’quête d’apprentissage’’, Candide devient l’exemple même de la sagesse lorsqu’il se résout à ’’cultiver son jardin’’ c’est à dire qu’il accepte le monde tel qu’il est tout en visant à son amélioration, qui loin d’être idéalisée est réalisable dans le domaine du possible, dans ’’son jardin’’, sa vie quotidienne, son intériorité. L’épreuve de la vie porte au désillusionnement et à la sagesse. Ce sont d’ailleurs souvent les plus jeunes qui ont le plus d’illusions et en général plus l’homme est confronté à la vie, plus il devient clairvoyant face à ce qui l’entoure. Peu à peu, le merveilleux et la vision enchantée du monde se dissipe grâce notamment à l’éducation et à l’expérience de la vie. C’est la figure du sage lucide qui s’oppose à l’enfant bercé d’illusions qui rejoint l’idée de Freud d’un ’’stade de l’infantilisme’’.
Plus que l’illusion d’un monde parfait et juste, Freud critique l’illusion religieuse. Il considère que Dieu a été inventé par l’homme pour se recréer une figure paternelle rassurante, pour apaiser l’angoisse de la mort par la possibilité d’un salut, pour apaiser l’angoisse qui découle de l’ignorance des hommes sur la création du monde et de la vie et à propos du sens de leur présence sur terre. Ce serait alors l’homme qui aurait créé Dieu à son image et non le contraire. Mais il souligne que ’’l’homme ne peut pas éternellement demeurer enfant’’ et qu’il doit se confronter à sa détresse, à sa petitesse dans l’ensemble de l’univers. Marx va dans le même sens en affirmant que la religion est ’’l’opium du peuple’’, qu’elle permet d’apporter une chaleur dans un monde cruel. Il prône l’abolition de la religion en tant que bonheur illusoire et aliénant du peuple et exige son bonheur réel.
D’autre part, la perte de ses illusions, plus particulièrement celles affectives dans le domaine de la vie privée, mène à plus de liberté car elle signifie plus de lucidité, une meilleure compréhension générale de la société, de soi, d’autrui. Des meilleurs choix de vie sont alors possibles dans des conditions de lucidité et de compréhension de la situation dans laquelle nous nous trouvons, des possibilités qui nous sont offertes, des enjeux de notre choix et de ses conséquences. On peut penser que l’on se doit à soi-même de regarder les choses en face afin de prendre sa vie en main.
Ainsi, nous gagnons de la lucidité et la liberté qui en découle, une proximité majeure à la vérité, une vie plus ’’pied-à-terre’’. C’est d’autre part par la science, la raison, l’entendement, l’éducation et l’expérience que l’on démasque les illusions dont nous sommes victimes dans un souci authenticité. Mais sommes nous vraiment victimes de nos illusions ? Pour Descartes, ’’nous conspirons avec nos illusions agréables pour en être plus longtemps abusés’’, plus que leurs victimes nous serions alors leurs complices car nous nous en auto-convainquons. Mais si nous nous faisons les adjuvants de nos illusions, elles nous apportent forcément quelque chose. A vouloir perdre ses illusions, perdrait-on alors plus que l’on ne gagne ?
Dans un premier temps, la conscience aigüe de sa propre personne, de ceux qui nous sont chères et des sociétés humaines, le fait de voir la réalité en face, ses injustices, ses misères ne peuvent que nous attrister et nous rendre malheureux. En effet, la satisfaction éprouvée par ceux qui se réjouissent des malheurs des autres n’est pas un bonheur sain et elle s’apparente à la perversité. Par exemple, la vision extrême, celle des pessimistes, prône une lucidité suprême sur la condition humaine et affirme son absurdité fondamentale et son malheur radical.
Les illusions sont donc un voile protecteur face à la cruauté du monde. La perte des illusions peut alors avoir pour effet de ’’désenchanter le monde’’ selon la formule de Weber. On parle de désenchantement lorsqu’une réalité perd de son mystère et qu’il n’existe plus d’écart entre ce qu’elle est et la manière dont elle apparaît. Pour Weber, la modernisation se caractérise par le recul des croyances diverses, allant de la magie à la pratique religieuse. Ce désenchantement s’accompagne d’un processus appauvrissant par lequel l’homme se simplifie et finit par n’être plus qu’un maillon d’une longue chaine sociale sans identité propre ni valeurs à suivre.
Les illusions peuvent donc avoir du bon, la religion par exemple, véhicule des valeurs d’amour et de paix, et apaise la douleur des endeuillés en les rassurants sur le sort de leurs morts, leur promettant une autre vie, plus paisible et accueillante, leur assurant la rédemption. La religion est aussi porteuse de foi, et il est alors incorrect de concevoir la religion comme une aliénation due a une illusion. Ce en quoi on la foi n’est pas démontrable, mais exige un degré de confiance au moins égal à celui que produirait une démonstration. La foi est un engagement qui se veut lucide, c’est un comportement volontaire qui malgré le fait de savoir qu’il ne pourra jamais prouver l’existence de ce en quoi il a foi, décide d’y croire. En cela la foi est courage. C’est une croyance qui a conscience d’être croyance reposant sur des principes et des valeurs et engageant une décision de la volonté. C’est donc aussi l’expression de la liberté. De plus le fait de nier l’existence de Dieu est tout aussi probable d’être une illusion.
Ainsi l’on peut être amené à se demander si ceux qui prônent la perte de l’illusion au profit de la vérité ne seraient-ils pas victimes d’une nouvelle illusion ? La perte des illusions serait-elle l’illusion ultime ? Pour Nietzsche, ’’les vérités sont des illusions dont on a oublié qu’elles le sont’’. Notre représentation du monde est forcément illusoire, car elle dépend de notre entendement, de notre manière de voir les choses, de notre subjectivité. La thèse du relativisme affirme contrairement à Platon que la vérité est relative aux individus. Une connaissance absolue est impossible, illusoire. L’homme tout en se targuant de vaincre ses illusions, s’en créé de nouvelles. Il en va de même pour la foi dans le progrès qui est associé à une constante amélioration de la connaissance et de la maitrise de la nature ( progrès scientifique), des moeurs, de la politique, des arts (progrès de la civilisation), alors que la progrès peut aussi être négatif (lorsque la technologie atomique est mise au service de la bombe par exemple et plus généralement lorsque l’on ne se soucie pas de l’éthique pour envisager la mise en application de découvertes scientifiques) .
Si incapable de les perdre entièrement, l’homme remplace ses anciennes illusions par de nouvelles, c’est car il en a besoin pour vivre, si les illusions sont indispensables à la vie cela est du à la part de désir et d’espoir qu’elle comportent. Désirer et espérer, c’est d’abord inscrire son existence dans la durée puisqu’ils sont inséparables de la projection dans l’avenir. En effet le désir est doté d’intentionnalité, il introduit de l’imaginaire dans le réel. Lorsque le désir prend la forme d’un projet ou d’un rêve, il nous arrache au ’’ici et maintenant’’ de l’existence ponctuelle, il est tourné vers le futur. Il peut ainsi permettre le dépassement d’une situation difficile par exemple. L’homme est mû par ses rêves et ses illusions. Sans eux, qu’est-ce qui rattacherait l’homme à l’absurde existence ?
D’autre part, les illusions ont pour Nietzsche une très grande importance dans le processus de maturation d’un peuple ou d’un homme. Il affirme que ’’l’homme ne créé que (…) quand il baigne dans l’illusion de l’amour, c’est-à-dire qu’il croit de façon inconditionnée à quelque chose de juste et de parfait.’’ Le Candide déniaisé est pour Nietzsche un homme qui ne fera jamais rien de grand, qui ne se dépassera jamais, car la perte de ses illusions l’a ’’desséché’’ il est devenu ’’dur et stérile’’. Il est vrai que des illusions ont porté à de grandes réalisations, par exemple l’idée que la justice et l’égalité sont possibles sur Terre ont abouti à la démocratie qui est le moins imparfaits des systèmes politiques.
Si donc, comme nous l’avons montré théoriquement, les illusions sont néfastes et que nous gagnerions à nous en débarrasser, et d’autre part, les illusions ont une fonction vitale et apaisante, comment concrètement affronter cette question dans la pratique ? D’autre part, si une vision dépourvue d’illusions n’est possible que dans le monde des idées, ce qui impose à l’homme de s’isoler du monde et d’autrui et de dédier sa vie aux idées, alors que le rattachement au monde sensible et à la société implique forcément des illusions ; comment tendre vers la connaissance sans renoncer à sa nature d’animal social ? Il faut pouvoir tout à la fois se libérer des illusions négatives et se rattacher aux positives.
Les illusions négatives sont celles qui nous enlèvent une part de liberté et sont issues de discours trompeurs et manipulateurs. Par exemple les médias en sélectionnant l’information, font passer une vision de la réalité qui n’est pas neutre. On voit souvent comment les crimes ou délits commis par les immigrés sont beaucoup plus mis en valeur que ceux commis par des citoyens ’’de souche’’, et ceci encourage le racisme et le repli vers l’extrême droite car les individus auront l’illusion que la violence est uniquement le fait des étrangers qui ne sont rien d’autre qu’un élément perturbateur. Lorsque l’information est manipulée pour faire passer des messages politiques, la population qui subit l’illusion perd de sa liberté car ses actions et manières de penser seront influencés par cequ’ils lisent dans les journaux ou voient à la télé. C’est pour cela qu’il faut absolument veiller à l’indépendance des médias face aux détenteurs du pouvoir politique. Une autre illusion qui nous assujetti est celle que véhicule la publicité. Les techniques de communication et de marketing visent à créer des besoins inexistants aux individus afin de les pousser à consommer. La publicité fait passer l’illusion que le bonheur réside dans la possession, que l’on peut marquer son identité par rapport aux marques que l’on consomme. D’autres part, les stéréotypes véhiculés par ces publicité sde ce qui est beau et désirable sont souvent favorables aux classes dominantes. Les classes dominées sont donc amenées à croire que la classe dominante est une élite, un modèle qu’il faut imiter. Ainsi les marques montrent l’appartenance sociale d’un individu et donnent de l’importance à l’illusion qu’est l’apparence. Les classes dominées sont donc manipulées par des illusions pour que le prestige et le modèle à suivre demeure du camp des dominants. Des illusions transmises par les dirigeants politiques peuvent aussi manipuler le peuple. Par exemple, les dirigeants ont tout intérêt à donner l’illusion d’un quelconque menace sur la sécurité, à faire régner la peur. Ils peuvent ainsi se présenter en sauveurs et gagner l’adhésion du peuple. Il n’est pas anodin que les dirigeants mettent l’accent sur la délinquence au alentours des élections présidentielles et qu’il rabâchent ensuite un discours sécuritaire pour gagner des voix. Il en est de même lorsqu’un pays veut justifier une guerre, le gouvernement crée l’illusion d’une menace, par exemple celle que l’Irak détenait des armes de destructions massives, ou celle que les afghans sont tous des terroristes. Il faut faire attention à ne pas être abusés par ses illusions et se rendre compte qu’elles servent les intérêts d’autrui, ceux qui dans l’allégorie de la caverne seraient les marionnettistes qui mettent en scène la pseudo-réalité. Il faut perdre ces illusions quand elles sont un instrument de manipulation servant les intérêts de ceux qui les diffusent.
Les illusions positives doivent être considérées avec précaution : il faut pouvoir prendre de la distance par rapport à ce que l’on pense, ne jamais oublier qu’il est très facile de tomber dans l’illusion. Cependant les illusions sont positives lorsqu’elles procurent de la force, elles poussent l’individu à se réaliser par rapport à ses idées. Par exemple, lorsque l’on croit en une idéal, bien que la généralisation et la mise en place systématique de cette idéal soit illusoire car le monde ne sera jamais parfait, ceux qui savent que c’est une illusion mais la trouvent noble, pourront se battre pour elle. John Lennon qui dans sa chanson ’’Imagine’’, hymne à la paix, et dans son combat contre la guerre du Viet Nam, admet qu’il est un rêveur, mais c’est justement son rêve qui le pousse à agir, à s’engager, et à faire changer les choses. C’est le cas dans la croyance en un idéal ou une utopie qui pousse malgré les apparences à croire à un mieux possible.
En fait, plus généralement il est très difficile de distinguer les bonnes des mauvaises illusions. Une illusion peut avoir des conséquences positives ou négatives dépendant du contexte. La religion a permis à la fois la diffusion de valeurs de paix et d’amour mais aussi de nombreuses guerres de par le monde. Il est donc impossible de juger à priori de la valeur d’une illusion, mais il faut s’interroger sur ses conséquences et voir si elles sont en accord avec la morale. Il revient à chacun d’entre nous d’être prudent avec nos idées, de ne pas être fermé ou dogmatique dans sa vision du monde, et de choisir entre les illusions à éradiquer et celles que l’on préfère garder pour garder l’espoir tout en sachant que ce sont peut être des illusions mais que ce sont des illusions qui valent la peine d’être crues. A chacun de choisir ses illusions, mais à chacun la responsabilité d’en répondre.
Il s’agissait de savoir si l’on était plutôt gagnant ou perdant de se désillusionner. Nous avons vu que cela dépendait des cas. Si les illusions sont quelques fois trompeuses, c’est qu’elles nous voilent la réalité, orientent notre appréciation du monde, restreignent la libre décision de nos choix, et influencent nos jugements. En cela elle nous asservissent, et donnent du pouvoir à ceux qui les véhiculent. Elles nous gènent dans nos prises de décision et nos choix seront peut-être regrettables car non basés sur une connaissance juste et exacte de la situation dans la quelle on se trouve. Il faut donc être prudent, et ne pas croire naïvement à toute sorte de choses. Il faut bien se rendre compte que l’on est responsable de ce à quoi l’on croit et ne qu’il tient souvent qu’à nous de dépasser les illusions négatives en usant de la raison, de l’entendement, des sciences et de l’éducation notamment à la philosophie. Mais certaines illusions sont aussi une branche à laquelle nous nous raccrochons pour ne pas tomber dans le gouffre que représente parfois le monde cruel, hostile et indifférent. Il résulte parfois du désillusionnent une vision pessimiste du monde, plutôt qu’une réaliste, et ceci découle du fait de la fonction vitale de l’illusion. Lorsqu’elles ne sont pas par nature irréalisables ou hors de notre portée, lorsqu’elles s’inscrivent dans le domaine du possible, les illusions d’aujourd’hui sont peut être les réalités de demain. Ainsi les illusions qui nous donnent espoir nous rendent actifs, et parfois la force de volonté est assez grande pour que les ’’rêves deviennent réalité’’. Ces illusions nous poussent à accomplir de grandes choses, et nous rattachent à l’existence. Les illusions pouvant être un pont entre le présent et l’avenir, qui nous permettent d’envisager une existence pourvue de sens, celles qui nous poussent à nous réaliser et à nous épanouir, sont donc indispensables, et l’on ne gagne rien à les perdre sinon une vision désenchantée et cynique du monde. Il faut donc dans un premier temps faire le tri dans ses représentations de ce qui est susceptible d’être illusoire ou non, et dans un second temps,peser le pour et le contre pour abandonner celles qui valent mieux de l’être et conserver celles dans lesquelles l’on choisit volontairement de croire, avec l’exemple de la foi ou de l’idéal qui sont engagement.

la force de l’habitude

la force de l’habitude - problématique

par Daniele - terminal L

La force de l’habitude
L’habitude est une acquisition par réitération. Elle se forme à travers le temps, par la répétition d’actions identiques ou semblables, qui peuvent devenir un comportement de l’individu. Dire que l’habitude possède une force c’est dire (en accord avec le sens que ce terme a en sciences physiques) qu’elle est un moteur de la volonté, un vecteur qui nous met en mouvement et qui nous pousse à agir. Le sujet demande donc en quoi l’habitude pourrait augmenter notre pouvoir sur le réel, à la manière d’un jalon qui permettrait de s’orienter et d’augmenter notre emprise sur le monde. Pour Aristote, l’exercice contribue à forger le caractère ; ainsi, pour être moralement juste, il faut s’entrainer à l’être. Le caractère est le résultat d’un travail semblable à celui d’un sportif. L’acquisition de bonnes habitudes nous prémunit donc de la relâche et de l’acrasie (la faiblesse de volonté). Elle nous est aussi utile dans la vie quotidienne. Pour Maine de Biran, l’habitude a deux types d’ effets sur nos faculté ; elle attenue d’une part l’intensité des phénomènes passifs (la douleur) et d’autre part elle exalte les phénomènes actifs (les gestes ou le raisonnement logique). En ce qui concerne ces derniers, elle rend plus rapide et plus facile leur mise en œuvre. Par le processus de mémorisation qu’elle implique, l’habitude est aussi une astuce qui nous permet de surmonter aisément certaines situations qui peuvent nous apparaitre difficiles au début (un jongleur qui mémorise un tour compliqué ou un élève qui doit faire face à des problèmes en mathématique).
Mais ne risque-t-on pas de tomber dans l’indifférence, dans une routine ? L’habitude tue la sensibilité et automatise nos gestes. Elles peut aussi dégénérer en vice. Le vice est un penchant mauvais, qui par la pratique répétée s’est constitué en habitude. Le tabagisme et l’alcoolisme sont des formes d’assujettissement de la volonté qui rendent l’individu esclave de certaines substances. Les habitudes vicieuses qui affectent le corps sont l’antithèse de la liberté car il est très difficile de leur échapper une fois acquises. Ceci est aussi valable en ce qui concerne le domaine intellectuel. Le plus dangereux dans le phénomène de l’habitude, c’est qu’il risque d’échapper au contrôle de la conscience en se constituant comme une seconde nature. La pensée automatique est la marque du conformisme qui anesthésie la réflexion. Penser mécaniquement c’est penser de façon encadrée, en restant dans les rails construits par la répétition. L’habitude peut être à l’origine d’un véritable oubli des soucis du réel : elle englobe touts les aspects de la vie et rend intellectuellement paresseux les individus. Il est facile de faire abstraction du monde en s’en remettant à la réitération irréfléchie, d’éviter la réflexion qui demande une analyse au cas par cas.
Nous avons envisagé l’habitude dans son aspect de simplification du réel . Elle permet de nous faire vivre mieux car elle automatise nos gestes mais elle risque aussi de nous paralyser et de nous entrainer dans une routine. En tout cas, c’est en elle que le passé se conserve : les gestes effectués par habitude sont des copies de gestes mémorisés.
L’habitude n’est pas pour autant ennemie du progrès : ce n’est qu’en conservant le passé que nous pouvons le dépasser. Intérioriser le passé c’est l’acquérir : en agissant selon des habitudes, nous donnons pour acquis certains mécanismes, sans avoir besoin de revenir sans cesse en arrière. Et peut-être qu’il est impossible de vivre toujours de façon nouvelle, en improvisant notre comportement, sans références. L’habitude structure le sujet, assure la cohésion de l’individu autour d’actions-repères ou de pensées-repères. Nous avons besoin d’elle pour exister comme individualité face au monde, mais nous devons toujours nous soucier de ne pas nous laisser aller à une vie d’automate.

y a-t-il de l’irrationnel ?

par Daniele - terminale L
Y a-t-il de l’irrationnel ?
L’irrationnel n’est pas seulement ce qui n’est pas conforme à la raison, c’est aussi ce qui vient la nier, ce qui lui est irréductible. Rationnel et irrationnel sont deux domaines distincts, deux sphères qui n’entrent jamais en contact. D’une part, on trouve des constructions cohérentes dont on peut rendre compte ; de l’autre, le règne du non-sens, du chaos, où l’on rejette tout ce qui semble illogique. Ces deux blocs existent en soi, et la limite qui les sépare est celle de l’intelligibilité. Quelles sont les conséquences pour la raison et son pouvoir à engendrer de la connaissance si cette distinction est effectivement valable ? S’il existe de l’irrationnel en soi, la raison doit admettre ses insuffisances et abdiquer en faveur de son contraire : c’est le triomphe du mysticisme. Mais si tout dans le monde peut être clairement expliqué, et s’il n’y a rien qui puisse échapper à la puissance positive de l’esprit, alors l’irrationnel se réduit au déraisonnable. La raison s’absolutise, elle devient dogmatique. Le rapport entre rationnel et irrationnel n’est-il qu’un rapport d’exclusion ? Ce qui est admis dans le champ de la rationalité à une époque donnée était peut-être considéré auparavant comme irrationnel. Il y a dans ce sens un dialogue entre ces deux notions dont les limites ne cessent d’évoluer. Le rationnel et l’irrationnel n’existent pas en soi, mais plutôt pour nous. Ils dépendent l’un de l’autre, à partir de la valeur que nous leur attribuons.
L’irrationnel et le rationnel sont axiologiquement connotés et semblent effectivement exister. D’une part se trouve ce qui est obscur à la raison et qui agit occultement. De l’autre, ce qui est clair et cohérent.
Lorsqu’une erreur logique survient dans le domaine cognitif, la raison tombe en panne. L’irrationnel est ce qui interfère dans la démarche déductive, ce qui remet en cause la cohérence du processus. On peut le comparer à un accident ; ses causes sont obscures et échappent à la rationalité du principe de prévisibilité. Un évènement irrationnel pourrait être un évènement qui bouleverse une succession causale, un effet sans cause. Mais l’irrationnel n’est pas seulement une simple erreur, car l’erreur n’est peut-être qu’une déviation de la raison, un moment d’incertitude dans un tout dont la cohérence globale reste certaine . L’irrationnel remet en cause les fondements de ce tout, il s’oppose à la mise en place d’un sens positif et univoque. Il n’a pas de forme définitive qui soit clairement définissable. C’est la négation de l’intelligibilité et de la mise en ordre conceptuelle. C’est pour Nietzsche l’esprit dionysiaque qui prend le dessus sur l’esprit apollinien (La Naissance de la tragédie). Dans l’ivresse de Dionysos se manifeste la Volonté de puissance et le sentiment d’appartenir à l’Un originel ; cet irrationalisme vitaliste est à l’opposé de la rationalité, de l’ordre et de l’harmonie incarnés par Apollon. Ainsi l’irrationnel semble exister en soi comme une force obscure dans le monde. Si l’on peut parler de sphère irrationnelle, on peut aussi parler de sphère rationnelle. Ici, tout est intelligible et maîtrisable. On se meut parmi des concepts, des définitions, des objets que l’on peut qualifier et surtout quantifier. C’est par excellence le domaine de la science. Au nom de la raison, la science combat l’irrationnel et cherche à rendre le monde cohérent. À partir de principes a priori, construits et déterminés par l’esprit, le scientifique ordonne le monde. Il pense des lois nécessaires et universelles, des théories, qu’il valide ensuite par des expériences. Pour Kant (Préface de la seconde édition à la Critique de la raison pure), la connaissance est une soumission du réel à la raison. La raison est un juge qui pose des questions à la nature, en construisant des théories ainsi que des expériences dont les conditions sont déterminées a priori. Elle nous permet de connaître le monde et de ne pas rester passifs face à lui, comme un élève face à son maître. On peut donc dire que les constructions de la raison (comme la science) sont rigoureuses, universelles et communicables, contrairement à l’irrationnel qui reste flou et essentiellement inconnaissable.
Le rationnel et l’irrationnel sont antithétiques, ils ne peuvent donc pas se concilier. Leur rapport semble forcément conflictuel, et chacune de ces deux notions exclut l’autre.
Le pouvoir de la raison n’est pas illimité et se heurte à des obstacles. Tout n’est pas démontrable, et même la science doit admettre ses faiblesses. L’irrationnel détrône alors le rationnel. Pour Pascal, « la dernière démarche de la raison est de reconnaître qu’il y a une infinité de choses qui la surpassent ; elle n’est que faible, si elle ne va jusqu’à connaître cela » (Pensées). En aucun cas il n’est possible de démontrer l’existence de Dieu ; il faut s’en remettre alors au « cœur » , à la croyance. Pascal défend à outrance le fidéisme, en soutenant que la raison ne doit pas empiéter sur les vérités de la foi. Mais la soumission (Pascal arrive jusqu’à parler d’ « l’humiliation ») de l’ordre de la raison à l’ordre du cœur risque de conduire à l’irrationalisme le plus aveugle. Si la raison déserte, on donne libre cours à toutes sortes de dogmes. C’est ainsi que, d’après le principe de la double vérité, ce qui est invraisemblable pour la raison doit être considéré comme certain si cela est écrit dans les textes sacrés. L’irrationnel se fait institution, d’autant plus que la raison ne peut pas nous apporter de connaissances sur l’infini et semble faible face à la force du livre. Inversement, la raison refuse toute forme d’irrationnel et cherche à nier ce qui la menace. Le rationalisme peut paraitre parfois comme un engagement idéologique, une position à défendre à tout prix ; c’est l’hégémonie de la raison, où l’irrationnel n’a pas sa place. Et s’il en a une, ce n’est que parce qu’il va pouvoir se transformer en rationnel. Hegel affirme que « tout ce qui est réel est rationnel ». Ainsi même les passions, les guerres, c’est-à-dire tout ce qui semble absurde dans l’histoire n’est qu’un moment dans le processus de rationalisation. L’histoire est le développement progressif de la Raison, qui pour se réaliser se sert d’une ruse : elle passe par son contraire, par le négatif. Mais soutenir un tel triomphe de la rationalité n’est pas sans conséquences. Dans Adieu la Raison, Paul Feyerabend explique le colonialisme à la lumière de la volonté rationalisatrice des Occidentaux : au nom de la science et du progrès, les colons ont extirpé les cultures traditionnelles qui leur semblaient irrationnelles ou contraires au développement de la raison. Ils ont envoyé des missionnaires afin de sortir les « sauvages » de l’animisme. Le dogmatisme rationaliste peut dégénérer en un véritable « impérialisme de la raison », d’après l’expression de Feyerabend. Une troisième attitude face au problème de l’irrationnel peut se manifester : celle du scepticisme critique. Elle consiste dans une critique systématique face à tout ce qui met en doute la rationalité reconnue et acceptée. Cette attitude est purement négative, car elle ne vise qu’à défendre les acquis, en entravant toute extension du domaine de la rationalité. Elle ne propose rien et c’est pour cette raison qu’elle est difficile à contester. Le scepticisme critique dénonce toute proposition nouvelle en l’étiquetant comme irrationnelle. Il adopte souvent un ton dérisoire et académique. La critique devient alors une fin et perd son caractère constructif. En se fixant dans une attitude de refus permanent, le scepticisme critique représente un obstacle au progrès de la connaissance.
Doit-on voir le rapport entre le rationnel et l’irrationnel uniquement comme un rapport de conflit ? Ne peut-il pas y avoir un dialogue et des échanges entre ces deux notions ? Celles-ci seraient alors complémentaires et relatives l’une à l’autre.
Affirmer qu’il n’existe qu’un type de rationalité, à savoir celle scientifique, c’est faire preuve de logocentrisme. Cette notion, inventée par Ludwig Klages, désigne la tendance de la pensée et de la culture occidentales à fonder leur discours sur le logos. Seule la raison serait capable de produire du sens ; elle s’impose alors comme le référentiel unique. Le logocentrisme révèle une fermeture au niveau des méthodes de connaissance. Mais ce n’est qu’en multipliant les méthodes que l’on peut véritablement libérer la raison : il n’existe pas une rationalité, mais une pluralité de rationalités. L’esprit scientifique ne doit pas forcément se soumettre à des lois ou à des paradigmes considérés comme incontestables. Sa liberté réside dans la multiplication des démarches et des champs d’investigation. La raison peut aussi s’intéresser à ce qui semble absurde ou irrationnel, et créer ainsi de nouvelles méthodes pour en rendre compte. Varier les points de vue sur le monde c’est aussi s’ouvrir au monde. La pluralité des rationalités est ce qui préside à l’extension du domaine du rationnel. Le progrès scientifique est aussi le fait du dialogue ente deux notions qui semblent s’opposer. La découverte des nombres irrationnels au Vème siècle avant J-C mit en crise les Pythagoriciens qui croyaient en la parfaite harmonie du cosmos. Les mathématiciens cherchèrent à cacher cette découverte car elle menaçait la conception du monde tout entière. Aujourd’hui on sait que ces nombres existent et on les utilise couramment dans les calculs. Il y a donc une évolution du rationnel et de l’irrationnel. Ces deux notions n’existent pas en soi, mais seulement pour une conscience qui est confrontée au réel. De même, pour résoudre un fait polémique qui s’opposait à l’idée des Anciens selon laquelle la nature a horreur du vide, Torricelli formula l’hypothèse de la pression atmosphérique. Encore une fois, voici que l’irrationnel se transforme en rationnel. La démarche inverse peut aussi avoir lieu, ce qui témoigne du dialogue entre deux notions dont les limites ne cessent d’évoluer. Pousser les limites de l’intelligible : c’est ce que la raison doit faire afin de progresser. Nous appelons irrationnel non seulement ce que nous ne connaissons pas (mais qui pourrait être connu grâce à la science) , mais surtout ce que nous ne pouvons pas connaitre. Pour Wittgenstein, tout nous n’est pas rationnellement accessible ; non pas parce qu’il existerait de l’irrationnel en soi, mais parce que nos pensées, étant liées au langage, sont limitées. Dans le Tractatus logico-philosophicus, il présente le langage comme une totalité de propositions qui signifient des faits. Le langage contient les limites de notre pensée, car c’est à travers lui que nous pensons, que nous nous représentons les faits. On ne peut donc pas parler de ce qui est au-dehors du dicible, des propositions douées de sens. Nous ne pouvons parler que de ce qui constitue un fait. Wittgenstein appelle ce qui excède le dicible, ce qui ne constitue pas un fait « l’ineffable » ou « le mystique » ; le mystique ne correspond cependant pas à l’irrationnel au sens traditionnel. En effet, il pourrait contenir un sens, puisque « s’il existe une valeur qui ait de la valeur, il faut qu’elle soit hors de tout événement et de tout être-tel ». Le sens du monde se trouve donc « hors du monde », dans le mystique qui nous est cependant inaccessible. On peut dire que les limites que la raison atteint ne permettent pas la connaissance du mystique qui est délié de notre façon de penser le monde, à savoir le langage.
Y a-t-il donc de l’irrationnel ? On distingue la sphère de l’intelligibilité, où la raison se meut aisément parmi des concepts, de la sphère du non-sens qui ne se laisse pas déchiffrer. Rationnel et irrationnel s’opposent avec véhémence, et l’existence de l’un menace celle de l’autre. Chacun tend à exclure de soi ce qui lui est étranger. Mais un tel conflit risque de conduire à des positions exacerbées telles que l’ultra-rationalisme et l’irrationalisme mystique. Ces positions sont idéologiques et dogmatiques car elles n’admettent rien qui puisse les mettre en doute. On peut cependant envisager une rapport plus ouvert entre le rationnel et l’irrationnel, où l’un est susceptible d’engendrer l’autre. En effet, ces deux notions n’existent pas en soi mais sont plutôt le fruit d’un dialogue. C’est nous qui assignons les limites des deux sphères selon l’évolution de nos connaissances et de nos modes de connaissance. Ainsi Giordano Bruno, considéré aujourd’hui comme un des pères et des martyrs de la rationalité scientifique, était avant tout un philosophe de la Nature qui admirait la beauté des astres d’une façon quasiment religieuse. Son enthousiasme mystique a été un moteur essentiel dans ses recherches scientifiques qui l’ont conduit à invalider des dogmes séculiers de l’Église.

y a-t-il de l’irrationnel ?

dissertation de philosophie : y a-t-il de l’irrationnel ?

par Giulia terminale S

Y a-t-il de l’irrationnel ?
L’irrationnel c’est une difficulté sur laquelle la raison vient buter, ce qui nie la raison. On dit que quelque chose est irrationnel lorsqu’elle semble ne pas avoir de sens, qu’elle ne peut pas être justifiée, qu’elle est imprévisible, illogique, incohérente. L’irrationnel représente pour cela une déviance par rapport à la raison. Ainsi, un acte, un comportement fait en désaccord avec soi-même sont caractérisés comme irrationnels, tout comme lorsque on agit contre ses propres principes ou on pense une chose et son contraire. Le sujet pose la question de l’existence de l’irrationnel : on peut souvent se demander si l’irrationnel existe véritablement en soi, ou si il n’est pas plutôt une construction typiquement humaine qui peut être complètement réduite pas la raison. Enfin, on pourrait plutôt voir que la présence d’irrationnel n’entraîne pas la démission de la raison : c’est bien au contraire, le moteur du rationnel, nécessaire dans la majorité des pratiques humaines.
L’irrationnel trouve d’abord sa prise dans les passions humaines. En effet, il s’agit d’un ensemble des pensées involontaires qui sont en nous sans nous. Elles semblent irrationnelles car on en ignore la cause. Il y a passion quand un désir, parvenu à dominer et orienter tous les autres, aveugle l’homme au point qu’il en devient dépendant. Une passion peut donc prendre le dessus sur notre raison. Ainsi Shakespeare dans Othello affirme que « ils ne sont pas jaloux pour une raison, mais parce qu’ils sont jaloux. La jalousie ? Un monstre qui s’engendre lui-même et naît de ses propres entrailles. ». La jalousie exprime toute la logique de la passion : lorsqu’on est jaloux on interprète le monde en fonction des nos passions, on croit voir dans toutes choses un indice qui confirme nos hypothèses. Le hasard fait le même raisonnement : pour Hume, le hasard n’est que l’ignorance dans lequel nous trouvons des causes véritables. Ainsi on peut dire qu’une pierre est tombée sur quelqu’un pour le tuer ou bien par hasard, il s’agit dans les deux cas du même événement, mais dès lors qu’il met en jeu l’homme, on en donne une nouvelle interprétation. Mais l’irrationnel peut aussi représenter une menace, comme c’est la cas pour la religion. La superstition, c’est-à-dire croire que la pratique du culte fait de nous de bons religieux, comme l’exaltation c’est-à-dire croire que l’on peut rentré en communication avec Dieu, représentent deux folies irrationnelles.
L’irrationnel apparaît comme un obstacle pour la raison, notamment dans le cas des passions, qui pour atteindre la sagesse devraient être éliminées ou du moins dominées ou de la religion qui, selon Kant, se doit de rester dans les limites de la simple raison. L’irrationnel semble nous renvoyer au domaine de la faute logique puisque on interprète faussement le monde (le hasard ou la superstition correspondent à une interprétation de l’univers en fonction de nos affects) mais alors dire qu’il y a de l’irrationnel en soi équivaut à faire démissionner la raison. En tant que limite permanente de la raison, l’irrationnel l’humilie puisque celle-ci ne saurait rendre compte de tout. La présence d’irrationalité, pose la faiblesse du rationnel : la raison doit abdiquer. De plus, la présence d’irrationnel pose la question de notre liberté. Serions-nous soumis à des forces dont nous ne percevrions pas les mécanismes ? Si c’était le cas, connaître les mécanismes psychologiques liés à l’irrationnel représenterait alors un outil de domination qui expliquerait notament la propagande publicitaire.
Il semblerait que l’irrationnel existe, posant alors le problème de la légitimité de la raison. Mais, on peut aussi voir que l’irrationnel est provisoire, qu’il peut être complètement réduit pas la raison. Ainsi, on pourrait trouver une logique dans toutes choses en remarquant qu’un acte apparemment absurde a en fait un sens caché. En reprenant l’exemple des passions, définies précédemment comme un ensemble des pensées involontaires qui sont en nous sans nous et qui apparaissent irrationnelles car on en ignore la cause on peut en fait montrer qu’il est possible de les rationaliser. Ainsi, pour Descartes, la cause d’une passion est toujours corporelle et l’effet est spirituel : c’est une phénomène causé dans l’âme par l’action du corps. Rationaliser ses passions équivaudrait alors à rechercher le mécanisme corporel qui en est à l’origine. Descartes analyse alors les mystères de la vie affective et cherche des explications à la part d’irrationnel qui accompagne le plus souvent la naissance des passions. Évoquant un souvenir d’enfance, il cherche à comprendre pourquoi l’amour qu’il a un jour porté à une jeune fille un peu disgracieuse l’a marqué au point qu’il conserve à son insu, longtemps après cette expérience, une attirance plus forte pour les personnes qui louchent que pour les autres. Un défaut, surtout physique, ne saurait empêcher la naissance d’une passion, dès lors qu’il appartient à une personne dont les qualités d’esprit sont évidentes : dans ce cas, conclut Descartes, les passions sont même à leur façon rationnelles, voire éminemment morales, parce qu’elles « ont leur cause en l’esprit, et non dans le corps ». Dans ce sens, Freud, en posant l’existence d’un inconscient qui me détermine à mon insu, affirme qu’il se produit en nous des phénomènes psychiques dont nous n’avons pas conscience, mais qui déterminent certains de nos actes conscients. Ainsi, nous pensons nous connaître, mais nous ignorons pourquoi nous avons de l’attrait ou de la répulsion à l’égard de certains objets. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, cet attrait n’est pas irrationnel : c’est le résultat d’un conflit intérieur entre des désirs qui cherchent à se satisfaire et une personnalité qui leur oppose résistance, il provient d’une rupture d’équilibre entre le surmoi, le ça et le moi. L’irrationnel se veut inexplicable, or, l’intervention d’un tiers, le psychanalyste, peut délivrer l’homme du conflit entre lui et lui-même en rendant compte du sens profond de certains de nos actes, actes dont nous avions conscience mais dont la signification profonde nous échappait. En donnant l’exemple des passions qui peuvent être rationalisées ou du moins expliquées, on est en train de monter que l’irrationnel dépend du comportement humain. Il n’existe pas en soi, mais il est en nous. De même, Bergson et Aristote interprètent le hasard comme quelque chose qui n’appartient qu’a nous.
En tant que typiquement humain, l’irrationnel peut venir des passions, de la superstition - nous l’avons montré -, mais aussi du manque de connaissance. Dans ce sens, l’avancé de la science provoquerait alors le recul de l’irrationnel.
Ce qui aujourd’hui semble irrationnel à nos yeux, ne le sera peut-être plus demain : la crise des nombres irrationnels met bien en évidence cette évolution. Au Ve siècle, en Grande Grèce, les pythagoriciens constatent qu’il existe une grandeur qu’aucun nombre de peut mesurer. En effet, ils ne considérait comme nombre que les nombres entiers et aussi les fractions, nommées plus tard, fractions rationnelles, comme rapports entre des entiers. La découverte de la diagonale du carré de coté 1 perturba tout le système. Quel rapport y-avait-il entre les deux ? Pour le savoir, on chercha la longueur de la diagonal et par le théorème de Pythagore on trouva que la longueur de la diagonale est un nombre dont le carré est 2. Quel est ce nombre ? C’est peu dire que les grecs le cherchèrent, mais aucun nombre, aucune fraction ne convenait. Les grecs, pour montrer sa non-existence, ont alors chercher à démonter que ce nombre ne pouvait pas exister : la diagonale et le coté sont incommensurables. Mais ce simple carré et sa diagonale recelèrent alors un abîme dans lequel sombrèrent des certitudes. Le coté et la diagonale d’un même carré n’admettent aucune commune mesure, ce qui veut dire qu’on ne peut pas connaître exactement les deux à la fois et pourtant tout les deux peuvent être dessinés et s’exposent avec le même degré de « réalité ». La coexistence de ces deux grandeurs prouva que la réalité était plus riche que les nombres. Ce scandale logique bouleversa la société grecs. Pour l’avoir divulgué à l’extérieur du cercle des pythagoriciens, Hippase de Métaponte péri dans un naufrage. L’exemple des nombres irrationnels montre que quelque chose, qui avait d’abord été défini d’inexprimable (alogon) peut ensuite, après avoir entraîné une reconstruction de tout l’édifice mathématique et une extension du domaine accessible au calcul, être acceptée et enseignée. Cela montre que la science progresse en gagnant du terrain contre son contraire, l’irrationnel. En termes strictement scientifiques en effet, est rationnel tout ce qui est reconnu par le savoir scientifique. Au contraire, est irrationnel ce qui appartient au domaine de la pensée préscientifique. La rationalité scientifique consiste alors à aller contre l’irrationnel, c’est-à-dire donner une formulation positive (scientifique, au sens d’Auguste Comte) à tout. Le positivisme considère que seules l’analyse et la connaissance des faits réels vérifiés par l’expérience peuvent expliquer les phénomènes du monde sensible. La certitude en est fournie exclusivement par l’expérience scientifique. Il rejette l’introspection, l’intuition et toute approche métaphysique pour expliquer la connaissance de phénomènes. Le progrès scientifique semble donc contribuer au recul de l’irrationnel.
Si l’on peut penser que la science contribue au recul de l’irrationnel, Hegel, grand penseur de la raison, soutient, lui, une thèse plus radicale. En effet, il affirme que « tout ce qui est réel est rationnel, tout ce qui est rationnel est réel. ». Avec une telle formulation, on peut croire que tout ce qui tombe en dehors de la raison est de l’ordre de l’inexistant, de l’illusoire ou du superflu. Le rationalisme dogmatique de Hegel fait donc le choix de chasser l’irrationnel en dehors de la réalité : on n’accorde une réalité que à ce que la raison peut expliquer.
On a donc affirmé que l’irrationnel semble provisoire et potentiellement, il pourrait être complètement réduit. Mais, si alléguer la présence de l’irrationnel posait le problème de la démission de la raison, dans l’autre sens, dire qu’il n’y pas d’irrationnel, c’est poser l’hégémonie de la rationalité : on affirme alors que tout peut être expliqué par la raison. Cela témoigne dans un sens de la présomption de l’homme.
A l’opposé de Hegel, Pascal affirme que « La raison doit reconnaître qu’il y a une infinité de choses qui la surpassent : elle n’est que faible si elle ne va pas jusqu’à reconnaître cela. ». Accepter qu’il puisse y avoir de l’irrationnel, c’est être rationnel. Il est rationnel de reconnaître les limites de la raison. « Le cœur a ses raisons que la raison ignore », dit-il. Ainsi Pascal, reconnaît deux ordres distincts : celui de la raison et celui du cœur, c’est-à-dire de la foi. Ainsi, il est certain que l’on ne peut pas ramener à un ordre rationnel, ni réduire à un sous-produit de tendances inconscientes toutes sorte d’expériences, comme des expériences spirituelles. De même, il y a dans l’inspiration artistique un mystère que l’on ne peut pas ramener simplement à une production rationnelle : les artistes doivent en effet sortir de la construction rigide de la raison. C’est d’ailleurs pourquoi, alors que le cerveau construit une méthode, transmet de façon didactique ses découvertes et ses démarches (dans les choses de la raison, tout doit être communicable), le génie artistique est incommunicable. Mais si l’art n’est pas rationnel, il n’est pas pour autant bestial c’est-à-dire complètement irrationnel. Ces exemples, foi et art, montre que de nombreuses expériences ne peuvent pas être entièrement ramenées à un ordre rationnel mais ne sont pas non plus réduites à l’irrationalité de notre inconscience : il s’agit d’un milieu.
Même dans la science, qui se présente pourtant comme le domaine même de la raison, irrationalité et rationalité se confondent. Comment est-il possible que le monde se plie si bien aux lois de notre esprit ? Par exemple, le "nombre d’or" , appelé aussi "divine proportion", est présent dans toutes sortes de représentations naturelles : agencement d’une graine de tournesol, spirale dessinée par la coquille de certains mollusques, bras de la Voie lactée et même dans la croissance des populations de lapins, décrite par Fibonacci au Moyen-Age. Il apparaît presque « irrationnel » que des phénomènes naturels aussi différents l’un de l’autre soient liés par un simple nombre, qui symbolise désormais l’inégalable harmonie, comme dans les œuvres de grands artistes de Vitruve à Salvador Dali et de Léonard de Vinci à Le Corbusier. Einstein affirma que « ce qu’il y a d’incompréhensible, c’est que le monde soit compréhensible ». En effet, le fait de dire que la science, le cosmos obéissent à des lois mathématiques manifeste une sorte d’irrationalité au cœur même des victoires de la raison. De plus, les découvertes scientifiques proviennent souvent d’une intuition. Cela s’oppose alors à une déduction, qui se doit de respecter des règles de logique. Pour Descartes une intuition est un acte de saisie immédiate de la vérité. Chez Kant, l’intuition désigne la façon dont une objet nous est donné, et il ne peut y avoir pour l’homme que des intuitions sensible. Il semble qu’une intuition puissent trouver sa mise en forme dans des influences irrationnelles. La science, elle aussi, n’est donc pas seulement rationnelle : on ne pourrait d’ailleurs opposer rationnel et irrationnel, puisque le rationnel naît sur le terrain de l’irrationnel. Par exemple, c’est grâce à l’alchimie que la chimie est née, c’est par le travail des astrologues que les astronomes ont étudié l’univers : en règle général, les sciences occultes servent souvent de base pour les sciences positives.
Au lieu de marquer une opposition, il serait donc peut être plus juste de marquer une continuité. Croire que tout est rationnel, c’est peut-être le comble de l’irrationnel ou pour sur de la déraison : expulser l’irrationnel ne serait-ce pas expulser le désir, les tendances et donc les forces sans lesquelles il serait difficile de bien vivre. Ce qui est ne se laisse pas facilement découper en catégories tranchées, les choses du réel sont plutôt mêlées : toute production humaine, actions humaines, pensées oscillent entre les deux sources, comme dans le cas de l’art. On ne peut dans ce sens prétendre posséder sur nos pensés un empire rationnel constant, puisque déjà dans les rêves, la pensée est livrée a elle-même.
On a donc montré dans un premier temps que l’irrationnel semble bien exister, notamment dans le domaine des passions, du hasard ou de la superstition. L’irrationnel apparaît alors comme un obstacle pour la raison ce qui pose le problème de la faiblesse du rationnel : la raison ne devrait-elle pas abdiquer ? Mais, on a montré ensuite que l’irrationnel est provisoire, qu’il peut être complètement réduit pas la raison. Ainsi, on pourrait trouver une logique dans tout, même dans les passions. L’irrationnel n’existe donc pas en soi, mais n’appartient qu’a nous. Enfin, on a montré que la majorité des pratiques humaines ne peut pas être entièrement ramenée à un ordre rationnel mais n’est pas non plus réduite à l’irrationalité de notre inconscience : irrationnel et rationnel seraient donc deux contraires nécessaire pour expliquer le réel. Pour Hegel en effet, les passions, qui témoignent visiblement de l’irrationnel, résultent d’une ruse de la raison : pour se développer elle se sert de son autre, de son contraire. Selon Hegel, l’irrationnel se révèle comme moteur du rationnel. Pour que ce dernier puisse s’exercer il lui faut des résistances, l’irrationnel les lui fournit. Il semble en ce sens que l’irrationnel soit finalement la raison d’être du rationnel.

Avons-nous des devoirs envers nous-mêmes ?

 Quelques lectures pour problématiser le sujet.
Kant - Les Fondements de la métaphysique des moeurs - les exemples de la première section ( § 10- 11 - 12 - 13 )
Kant - La Métaphysique des Moeurs - La Doctrine de la vertu - Première partie - p. 89 à 123 édition Vrin - Le passage permet de problématiser l’idée de devoir envers soi-même et de faire la distinction entre les devoirs parfaits et les devoirs imparfaits.
Kant - Qu’est-ce que les Lumières ? Le début du texte : au sujet de la majorité comme devoir et de la minorité comme faute morale. Le devoir d’autonomie.
Descartes - Les Passions de l’âme - 3ième partie - articles 153 à 161 - générosité et humilité vicieuse. Sur l’estime raisonnable de soi au fondement de l’éthique.
Hannah Arendt - Considérations morales - p.59 à 72 édition Rivage - Une interprétation du "connais-toi toi-même" socratique, de la conscience morale et de l’harmonie avec soi-même en réponse à l’oubli de soi de Eichmann.
Autres sujets sur le devoir :
  • Est-ce un devoir d’être heureux ?
  • Qui est autorisé à me dire "tu dois" ?
  • Le devoir n’est-il que le produit de l’éducation ?
  • Peut-on se passer de principe ?
  • Désobéir peut-il être un devoir ?

Philosophie – série économique et sociale – programme

Philosophie – série économique et sociale – programme
Notions :
Le sujet - La conscience
- L’inconscient
- Autrui
- Le désir
La culture
- Le langage
- L’art
- Le travail et la technique
- La religion
- L’histoire
La raison et le réel
- La démonstration
- L’interprétation
- La matière et l’esprit
- La vérité
La politique
- la société et les échanges
- la justice et le droit
- L’Etat
La morale
- La liberté
- Le devoir
- Le bonheur
Repères :
Absolu/relatif – Abstrait/concret- En acte/en puissance- Analyse/synthèse- Cause/fin -Contingent
/nécessaire/possible – Croire/savoir – Essentiel/accidentel – Expliquer/comprendre – En fait/en droit –
Formel/matériel- Genre/espèce/individu – Idéal/réel – Identité/égalité/différence – Intuitif/discursif –
Légal/légitime – Médiat/immédiat – Objectif/subjectif – Obligation/contrainte – Origine/ fondement –
Persuader/convaincre – Ressemblance/analogie – Principe/conséquence – En théorie/en pratique –
Transcendant/immanent – universel/général/particulier/singulier.
Liste des auteurs
Platon ( 5ème- 4ème avant J.C), Aristote ( 4ème ,) Epicure ( 4ème-3ème ), Lucrèce ( 1er avant J.C),
Cicéron ( 1er avant J.C) ; Sénèque ( 1er ap J.C) ; Epictète ( 1er- 2ème ) ; Marc Aurèle ( 2ème ) ; Sextus Empiricus
( 2ème-3ème) ; Plotin ( 3ème) ; Augustin ( 4ème-5ème) ;
Averroes ( 12ème) ; Anselme (11ème-12ème) ; Thomas d’Aquin ( 13ème) ; Ockham ( 13- 14ème)
Machiavel ( 15-16ème) ; Montaigne ( 16ème) ; Bacon ( 16-17ème) ; Hobbes ( 16-17ème) ;
Descartes (17ème) ; Pascal, Spinoza ; Locke, Malebranche ; Leibniz ; Vico ( 17-18ème) ; Berkeley ( 17-18ème) ;
 Condillac ( 18ème) ; Montesquieu ; Hume ; Rousseau ; Diderot ; Kant.
Hegel ( 19ème) ; Schopenhauer ; Tocqueville ; Comte ; Cournot ; Stuart Mill ; Kierkegaard ; Marx, Nietzsche ;
Freud ( 19-20ème) ;
 Durkheim ( 19-20ème) ; Bergson ; Husserl ( 19-20ème) ; Heidegger ( 20ème) ; Alain ( 20ème) ; Russel ; Bachelard ;
Wittgenstein ; Popper ; Sartre ; Hannah Arendt ; Merleau-Ponty ; Levinas, Foucault.

Philosophie – série littéraire – programme

Philosophie – série littéraire – programme
Notions :
Le sujet - La conscience
- La perception
- L’inconscient
- Autrui
- Le désir
- L’existence et le temps
La culture
- Le langage
- L’art
- Le travail et la technique
- La religion
- L’histoire
La raison et le réel
- Théorie et expérience
- La démonstration
- L’interprétation
- Le vivant
- La matière et l’esprit
- La vérité
La politique
- la société
- la justice et le droit
- L’Etat
La morale
- La liberté
- Le devoir
- Le bonheur
Repères :
Absolu/relatif – Abstrait/concret- En acte/en puissance- Analyse/synthèse- Cause/fin -Contingent
/nécessaire/possible – Croire/savoir – Essentiel/accidentel – Expliquer/comprendre – En fait/en droit –
Formel/matériel- Genre/espèce/individu – Idéal/réel – Identité/égalité/différence – Intuitif/discursif –
Légal/légitime – Médiat/immédiat – Objectif/subjectif – Obligation/contrainte – Origine/ fondement –
Persuader/convaincre – Ressemblance/analogie – Principe/conséquence – En théorie/en pratique –
Transcendant/immanent – universel/général/particulier/singulier.
Liste des auteurs
Platon ( 5ème- 4ème avant J.C), Aristote ( 4ème ,) Epicure ( 4ème-3ème ), Lucrèce ( 1er avant J.C),
Cicéron ( 1er avant J.C) ; Sénèque ( 1er ap J.C) ; Epictète ( 1er- 2ème ) ; Marc Aurèle ( 2ème ) ; Sextus Empiricus
( 2ème-3ème) ; Plotin ( 3ème) ; Augustin ( 4ème-5ème) ;
Averroes ( 12ème) ; Anselme (11ème-12ème) ; Thomas d’Aquin ( 13ème) ; Ockham ( 13- 14ème)
Machiavel ( 15-16ème) ; Montaigne ( 16ème) ; Bacon ( 16-17ème) ; Hobbes ( 16-17ème) ;
Descartes (17ème) ; Pascal, Spinoza ; Locke, Malebranche ; Leibniz ; Vico ( 17-18ème) ; Berkeley ( 17-18ème) ;
 Condillac ( 18ème) ; Montesquieu ; Hume ; Rousseau ; Diderot ; Kant.
Hegel ( 19ème) ; Schopenhauer ; Tocqueville ; Comte ; Cournot ; Stuart Mill ; Kierkegaard ; Marx, Nietzsche ;
Freud ( 19-20ème) ;
 Durkheim ( 19-20ème) ; Bergson ; Husserl ( 19-20ème) ; Heidegger ( 20ème) ; Alain ( 20ème) ; Russel ; Bachelard ;
Wittgenstein ; Popper ; Sartre ; Hannah Arendt ; Merleau-Ponty ; Levinas, Foucault.

Philosophie – série S – programme


Notions :
Le sujet - La conscience
- L’inconscient
- Le désir
La culture
- L’art
- Le travail et la technique
- La religion
La raison et le réel
- La démonstration
- Le vivant
- La matière et l’esprit
- La vérité
La politique
- la société et l’Etat
- la justice et le droit
La morale
- La liberté
- Le devoir
- Le bonheur
Repères :
Absolu/relatif – Abstrait/concret- En acte/en puissance- Analyse/synthèse- Cause/fin -Contingent
/nécessaire/possible – Croire/savoir – Essentiel/accidentel – Expliquer/comprendre – En fait/en droit –
Formel/matériel- Genre/espèce/individu – Idéal/réel – Identité/égalité/différence – Intuitif/discursif –
Légal/légitime – Médiat/immédiat – Objectif/subjectif – Obligation/contrainte – Origine/ fondement –
Persuader/convaincre – Ressemblance/analogie – Principe/conséquence – En théorie/en pratique –
Transcendant/immanent – universel/général/particulier/singulier.
Liste des auteurs
Platon ( 5ème- 4ème avant J.C), Aristote ( 4ème ,) Epicure ( 4ème-3ème ), Lucrèce ( 1er avant J.C),
Cicéron ( 1er avant J.C) ; Sénèque ( 1er ap J.C) ; Epictète ( 1er- 2ème ) ; Marc Aurèle ( 2ème ) ; Sextus Empiricus
( 2ème-3ème) ; Plotin ( 3ème) ; Augustin ( 4ème-5ème) ;
Averroes ( 12ème) ; Anselme (11ème-12ème) ; Thomas d’Aquin ( 13ème) ; Ockham ( 13- 14ème)
Machiavel ( 15-16ème) ; Montaigne ( 16ème) ; Bacon ( 16-17ème) ; Hobbes ( 16-17ème) ;
Descartes (17ème) ; Pascal, Spinoza ; Locke, Malebranche ; Leibniz ; Vico ( 17-18ème) ; Berkeley ( 17-18ème) ;
 Condillac ( 18ème) ; Montesquieu ; Hume ; Rousseau ; Diderot ; Kant.
Hegel ( 19ème) ; Schopenhauer ; Tocqueville ; Comte ; Cournot ; Stuart Mill ; Kierkegaard ; Marx, Nietzsche ; Freud ( 19-20ème) ;
 Durkheim ( 19-20ème) ; Bergson ; Husserl ( 19-20ème) ; Heidegger ( 20ème) ; Alain ( 20ème) ; Russel ; Bachelard ;
Wittgenstein ; Popper ; Sartre ; Hannah Arendt ; Merleau-Ponty ; Levinas, Foucault.

Premiers conseils bibliographiques

Premiers conseils bibliographiques
Platon : *La République : livre VI et VII - *L’Apologie de Socrate - *Le Ménon - *Le Banquet - Hippias Majeur -
Le Gorgias
Aristote : La Politique livre I - Ethique à Nicomaque ( livre V )
Epicure : * Lettre à Ménécée
Epictète : *Manuel
Machiavel : *Le Prince
Descartes : Le discours de la méthode- Les Méditations métaphysiques - Correspondance avec Elisabeth et
autres textes
Pascal : Les Pensées- L’esprit de la géométrie
Spinoza : L’Ethique ( Appendice du Livre 1°)- Traité théologico-politique ( préface et chap.XX )
Hume : Traité de nature humaine
Locke : * Identité et différence
Rousseau : Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes - Le contrat social
Kant : Critique de la raison pure : Préface à la première édition ; Préface à la seconde édition - Les fondements
de la métaphysique des moeurs - Idée d’une Histoire universelle au point de vue cosmopolitique - *Qu’est-ce
que les Lumières ? - *Du prétendu droit de mentir par humanité- Projet de paix perpétuelle -Critique de la faculté
de juger : L’analytique du beau - *Traité de pédagogie
Hegel : L’Esthétique ( La peinture ou textes choisis ) - La Raison dans l’Histoire
Marx : L’Idéologie allemande - La première critique de l’économie politique- Le manifeste du parti communiste
Nietzsche : Le gai savoir- La Généalogie de la morale - Seconde considération intempestive ( considération
inactuelle )
Bergson : Essai sur les données immédiates de la conscience – * Conférences : La conscience et la vie et Le
possible et le réel
Freud : *Cinq leçons sur la psychanalyse- Introduction à la psychanalyse
Husserl : La crise de l’humanité européenne et la philosophie
Bachelard : La formation de l’esprit scientifique
Alain : * Propos sur le bonheur- *Propos sur les pouvoirs-*Propos sur l’éducation- Eléments de philosophie-
Système des Beaux- Arts
Sartre : L’Etre et le néant ( La mauvaise foi ) -* L’existentialisme est un humanisme- Esquisse d’une théorie des
émotions- La nausée - Théâtre
Merleau Ponty : Sens et non sens ( articles) - L’oeil et l’esprit
Hannah Arendt : La condition de l’homme moderne ( * chapitre 1 )- La crise de la culture- Les origines du
totalitarisme-* Considérations morales
Levinas :*Ethique et Infini
Foucault :L’ordre du discours
Encyclopédie Universalis
Vocabulaire de philosophie Lalande
Pratique de la philosophie de A à Z